Le sourire de la petite fille

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Le sourire de la petite fille


Dans la ville froide et grise, un groupe d’individus sans visage, augurant une mauvaise rencontre, se rassemble et s’amplifie jusqu’à devenir une foule hurlante et désaxée.

Une petite fille, tout de blanc vêtue, se tient au sommet de la plus haute tour de la ville et observe le spectacle des riverains amassés et criards. Elle est calme, attentive et ne perd pas de vue les guignols qui maintenant se combattent jusqu’au sang. Cette toute petite fille se met à trembler, elle a peur que la folie d’en bas ne remonte jusqu’à elle. Elle est là, tremblante, sur la plus haute tour de cette ville grise et froide, quand un train coloré, jaune et rouge, orné de brun, arrive par la fenêtre et s’arrête à sa hauteur.

La petite monte prestement et le train s’ébranle lentement sur des rails invisibles. Il prend de la vitesse et la fillette en robe blanche regarde le paysage se dessiner à travers la vitre.

La ville froide et grise et sa troupe vociférante sont loin maintenant.

Tout autour est étonnant. Les couleurs sont inhabituelles, les nuages sont verts comme l’espoir, le ciel mauve, l’herbe bleue, les fleurs ont des pétales noirs et un cœur coloré. La petite fille ne parle pas. D’ailleurs à qui pourrait-elle s’adresser, elle est l’unique passagère de ce train mystérieux qui l’emmène dans un univers nouveau, apaisant. Elle n’a plus peur maintenant. Sa respiration est redevenue régulière. Elle sent le train ralentir et quelques minutes plus tard s’arrêter mais c’est en pleine campagne bleue et ondoyante, couverte d’un tapis de fleurs sauvages qui tressaillent sous un vent léger.

La toute petite fille descend mais elle n’est plus toute petite. Elle est grande, fine, sa robe lui arrive aux genoux, ses escarpins ont des talons. Elle marche doucement et enlève ses chaussures. Elle tourne sur elle-même tel un derviche et rit à gorge déployée. Elle est en paix.

Quelque part, dans un lit d’hôpital, une toute petite fille est morte, un étrange sourire au coin des lèvres. L’homme médecin, le sage comme on l’appelle dans ces contrées, devra annoncer son passage dans le monde de l’au-delà à sa famille.

Isabelle (texte et illustration).

Publié dans plume par plume

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R
texte joli et triste, quand un enfant s'en va au paradis son départ laisse toujours à ceux qui restent un immense chagrin.
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J
Une jolie histoire, colorée et émouvante.
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