Noël

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L'exercice consiste à insérer au sein d'un texte libre et sur le thème de Noël - en une ou plusieurs fois - une phrase proposée par la plume hôte et tirée au sort.

Le texte imposé figure en couleurs dans les textes publiés ci-dessous.

 

Une présence

Pour les accueillir dignement, elle dispose six tasses un peu ébréchées et quelque peu dépareillées sur le vieux linge brodé. Le cadeau de mariage de sa mère ; elle soupire tristement. Si longtemps déjà.

La maison avait perdu son âme depuis qu'Eugénie s'en était allée. Elle avait le don d'attirer les gens, enfants, petits-enfants par le simple fait d'être.

La cuisine embaumait en permanence. Chaleureuse soupe aux légumes versée chaque soir avec amour à ceux qui s'invitaient à sa table. Et que dire de ses galettes de sarrasin tartinées de beurre et de confiture, savoureux goûter des petits qui se bousculaient en s'asseyant joyeusement devant l'éternelle nappe à carreaux.

Ce soir, ses pensées s'attardent sur les lointains souvenirs de ce qui fut, entre regrets, nostalgie et, perdue dans sa rêverie, elle ne s'aperçoit pas immédiatement que la lumière se fait plus intense dans la pièce. Une apaisante et douce chaleur vient peu à peu l'entourer telle une caresse bienfaisante, consolante.

Alors, le cœur débordant de gratitude, Marianne reçoit le message en toute certitude : sa mère se tient là, venue tout près d'elle en cette veille de Noël pour lui offrir le merveilleux cadeau de sa tendre et constante présence.

Hélène.

1958

Comme chaque jeudi, les deux mamans et leurs filles se retrouvaient pour goûter. Alice avait 7 ans, quelques mois de plus que son amie Jocelyne.

Mimi, la mère de la benjamine avait préparé, en bonne bretonne, une pâte pour des crêpes que les enfants attendaient avec gourmandise. Pour l’instant chacune était occupée, les filles à la dinette, les mères à la couture.

Monique finissait d’ourler un minuscule tablier de satin blanc, tandis que Mimi commençait à coudre des paillettes dorées et argentées selon un motif fleuri sur une toute petite robe.

Bien qu’elle soit occupée à jouer avec Jocelyne, Alice n’avait pas manqué de remarquer cette jolie robe de la taille d’une poupée ; décorée dans le bas par un large galon multicolore, qui se détachait sur le satin, comme elle était belle !

Les femmes conversaient entre elles avec des airs mystérieux et dans une étrange complicité.

Alice finit par poser la question qui lui brûlait les lèvres : c’est pour qui ces habits de poupée ?

C’est pour une petite fille sage, répondit Mimi de sa voix si douce. Son visage s’éclaira d’un sourire des plus tendres, tandis que son regard glissa discrètement vers Monique qui souriait elle aussi. Tu ne la connais pas ajouta la mère.

L’après-midi se poursuivit par les fameuses crêpes chaudes au beurre salé ou à la confiture. Les femmes, sorties un moment sur le balcon, s’attardèrent un peu dehors malgré l’heure tardive, frissonnant sous leurs châles ; elles se quittèrent à regret.

Quelques semaines plus tard, quelle ne fut pas la surprise d’Alice de découvrir sous le sapin une jolie poupée brune habillée de la robe bretonne et du tablier brodé si soigneusement !

Joyeux noël ma poulette, lui dit sa mère en la couvant des yeux.

Danielle.

Joyeux Noël

Au milieu de la foule il se sentait perdu, désespérément seul, et le froid glacial mordait cruellement son visage. 

Il remonta le col de sa veste. Cette ville, il ne la connaissait pas, il n’y était jamais venu. D’où il venait, il l’avait presque oublié, son pays à lui était si loin, sa ville à lui, elle devait être en ruines maintenant, sa maison n’existait plus, sa famille avait disparu. Alors il avait tout quitté. Il avait transporté son désespoir et sa colère à travers les routes poussiéreuses et les mers. Il avait risqué sa vie sur tant de chemins, croisant la misère des uns, la violence des autres. Il avait échappé aux gardes des frontières, échappé à la soif et à la faim…

Et il traversait maintenant cette ville inconnue où l’avait déposé un routier qui transportait des caisses de vin, du champagne, lui avait-il précisé, pour les fêtes, à Noël les gens buvaient du champagne. Lui, il n’en avait jamais bu, il ne savait même pas ce que c’était, chez lui on ne buvait pas de vin. Le routier l’avait déposé sur le bord de la route, la ville n’est pas bien loin, tu verras, un ou deux kilomètres, moi je vais livrer ailleurs, mon gars, mais tu trouveras facilement.

Allez, joyeux Noël !

Annie.

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