D'après un proverbe colombien

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L'exercice consiste à imaginer un court récit d'après un proverbe colombien : « Derrière le nuage le plus noir, il y a toujours un ourlet de lumière".

Nous publierons ici même les textes que vous nous adresserez (formulaire de contact / siplume@free.fr).

Compassion

La nuit n’en finit plus. Le long couloir de l’hôpital à peine éclairé par quelques pâles veilleuses est silencieux, froid et désert. Elle est là, seule, terriblement seule debout près du brancard où git l’être aimé, le compagnon de toujours.

Le verdict est tombé quelques heures plus tôt, sans appel, implacable, insupportable. Aussi cherche-t-elle à interpréter les paroles entendues afin de s’accrocher au plus petit espoir, aussi minime soit-il.

On lui a dit d’attendre. Attendre. Ses yeux cherchent à s’accrocher à quelque chose susceptible de détourner sa pensée du cauchemar qui la dévaste. Elle est figée sur place, guettant le pas ou la voix qui viendraient rompre l’écrasant silence.

Soudain un léger grincement, une porte s’ouvre là-bas tout au bout du couloir. Elle distingue à peine une silhouette. L’homme est grand, son pas tranquille ;  il vient vers elle, la tête penchée sur le côté. Finalement, il s’arrête et regarde le corps étendu, immobile, où seul le regard éperdu semble encore présent. Sans un mot, il tourne les talons et repart.

Le silence retombe sur elle tandis que le désespoir l’étreint à nouveau et que l’horrible solitude reprend possession de tout son être. Seule, elle est seule au monde.

Et puis la porte s’ouvre à nouveau, là-bas ; l’homme revient portant une chaise qu’il avance doucement vers elle. Toujours silencieux, il pose sur son épaule une main ferme et chaude,  tellement humaine !  Pas un seul mot, rien que de la compassion. Le trait d’union parfait, le langage muet d’âme à âme. L’amour est là, bienfaisant, consolateur. La lumière revient et l’entoure à nouveau.

Elle ne sût jamais qui était cet homme, elle n’entendit jamais sa voix,  mais au cours des longs mois qui la maintinrent en ce lieu, elle le regarda souvent repartir dans la journée, anonyme, discret, son sac sur l’épaule, le pas tranquille et la tête perdue dans ses pensées.

Alors, le cœur débordant de gratitude, la chanson du poète montait invariablement à ses lèvres : « toi l’étranger, quand tu mourras (……) qu’il te conduise à travers ciel, au Père Eternel ».

Hélène.

Souvenirs

Le ciel plombé, nuages gris, il fait presque noir. Je n’ai plus envie de rien et les souvenirs affluent et le leitmotiv reprend dans ma tête « c’était mieux avant ». La grande famille, les repas de fête avec papa maman, les rigolades, on était bien tous ensemble. Je gomme les soucis, les engueulades, ça n’existait pas « avant ».

Je regarde le ciel, toujours gris, et … les souvenirs de rose se teintent aussi de gris. Finalement avant n’était pas toujours rigolo, ne garder que les bons souvenirs « impossible » me crie mon cerveau fidèle compagnon un peu coquin. Il se met à cliquer sur des onglets « injustice », « mise à l’écart », « tristesse », « colère », « maladie » et « départ pour toujours », celui-là je l’avais oublié !
Mais de nouveaux onglets apparaissent et à nouveau il clique sur « amour », « enfants » « rires » « cadeaux » « soleil » « nature ». Ah oui quand même ! et ça c’est maintenant ?

Je regarde le ciel. N’est-ce-pas un peu de bleu là-bas ? *

Minibulle (merci pour votre texte envoyé par courriel).

Publié dans plume par plume

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Poignant ...
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