Atelier sur le thème de la photographie.

Publié le par Sylvain

Que vous inspire le mot "photographie" ?

Instants figés
Instants volés
Instantanés de l'âme à un moment donné
Que dire de cette femme sur cette photo glacée
Un souvenir, une rumeur,
Quelqu'un d'autre assurément
Elle ne se voit pas
Elle s'imagine plutôt dans un songe intérieur
Et n'aime pas son apparence extérieure
Que faire de cette image fixée ?
Certains sont photogéniques d'autres non
La photo change la vie
La perception
Les souvenirs
Le passé
Elle laisse une trace pour les suivants
Comprendront-ils?
Quel message évoque son visage ?
Vivre
Rire
Aimer
Et ne pas forcément se photographier

Joëlle.

Surgissement des instants passés, abolition du temps et surprise des images sur lesquelles on peine à se reconnaître.

Joies ou mélancolies envolées.

Visages oubliés ou inconnus qui vous regardent. Certains ont disparu depuis longtemps, et l'on s'interroge: qui sont-ils? Où sont-ils maintenant ces vivants d'autrefois que la mort a emportés ?

Qui se souviendra après moi de ceux que j'ai connus? Qui se souviendra de moi en découvrant mes différents visages saisis par l'objectif à mes différents âges ?


Annie.

Atelier sur le thème de la photographie.
Imaginez l'histoire des personnes figurant sur une photo.

Rose et Alain se tiennent serrés l'un contre l'autre, assis sagement sur le lit, l'œil grave, le petit se sentant rassuré par la présence de la sœurette comme il l'appelle. Elle, protectrice, lui tient la main en la serrant affectueusement et pose l’autre dans son dos en un geste apaisant.

L’heure est grave. Pendant qu’ils se tiennent complices, apeurés, les adultes discutent de leur sort. Qui s’occupera d’eux maintenant ?

Rose prie de tout son cœur pour rester auprès de son petit frère chéri.

Et elle a entendu une terrible conversation où il serait question de les séparer.

Elle est prête à résister, à faire entendre sa voix de petite fille : non il ne faut pas nous séparer.

Alain a confiance en sa sœur. Il ne comprend pas très bien ce qui se joue dans la salle à manger mais il sait une chose, son cœur est triste et seule Rose sait le faire sourire encore.

Les deux enfants attendent encore un peu quand soudain la porte s’ouvre et leur tante, les yeux brillants perlés de larmes les prend dans ses bras en leur chuchotant des mots câlins, des mots doux. Mes amours, mes petits chéris, demain vous viendrez chez nous.

Le cœur de Rose saute de joie. Elle embrasse son frère.

Isabelle.

Les deux orphelins

Pauvre petit bonhomme … Ses yeux tristes disent assez sa détresse ; assis à côté de sa grande sœur qui lui tient la main comme pour le rassurer. Au dessus des deux tabliers noirs, l’expression des visages domine. Même tristesse, même désarrois, à cent lieues de l’ébauche d’un sourire de circonstance pour une photographie.

Ils sont bien tenus, tabliers propres repassés, bas de laine soigneusement reprisés. Mais tout en eux trahit la pauvreté ; les yeux sombres et malheureux témoignent de la misère de leur condition d’orphelins d’avant guerre.

La grande a déjà l’assurance de l’aînée, le regard volontaire qui caractérisera l’adulte.

André a conservé les joues rondes d’un poulbot aux grands yeux noirs … pauvre titi parisien.

Danielle.

Petite fille et petit garçon, ils portent tous les deux une sorte de sarrau noir sur lequel se détache un large col blanc pour André, noir sans doute pour Rose. Cinq ans pour le plus jeune et sept ou huit ans pour la plus âgée. Elle dans l’attitude protectrice de l’aînée qui soutient son frère et lui a pris fermement la main.

Dans les regards aux yeux sombres la même expression un peu inquiète, presque apeurée pour le petit garçon, comme si devant eux se dressait l’image d’un avenir angoissant et funeste, la guerre peut-être.

Une guerre précédente aurait déjà emporté leur père dont le portrait figure sur le buffet de la salle à manger ; et la guerre suivante fera d’André un soldat, prochaine victime de la violence et de la bêtise des hommes.

Annie.

Atelier sur le thème de la photographie.

Le père d’Henri tenait ses mains sur ses hanches. Il attendait impatiemment la venue de sa future belle fille.

Pour l’occasion, son fils avait revêtu son costume trois pièces, s’était rasé de près en s’appliquant à conserver sa petite moustache dont il se sentait si fier.

Le chien aussi paraissait attendre mais peut-être était-il tout simplement en quête de quelques friandises.

Enfin elle arriva.

Au premier coup d’œil, le père d’Henri décida qu’il ne l’aimerait pas. Comment ! Son fils allait épouser cette maigrichonne montée sur des chaussures à talons tellement hauts qu’on croirait des échasses et vêtue d’une robe si légère et presque transparente au soleil qu’on en devinait ses formes ! Enfin les formes encore fallait-il les chercher.

Mon dieu, mon dieu, mon dieu, se dit le père d’Henri, tu parles d’une donzelle. Mon fils est un bon vivant, il aime la bonne chère et le bon vin. Je suis presque certain qu’elle ne sait même pas cuisiner. Regarde-moi ça, ses mains soignées, ses ongles vernis. Ah ça elle ne doit pas être prompte à la besogne. Il va falloir que je cause à mon fils et que je le mette en garde. Je parie qu’elle va lui dilapider toutes ses économies en deux temps, trois mouvements. Non mais regardez-moi les brillants qu’elle a autour du cou. Pour sûr, c’est mon Henri, bon prince qui lui aura offerts.

Isabelle.

C'était un dimanche après-midi.

Les deux hommes, le père et le fils ont pris la pose. Le patriarche en costume de velours a remis sa casquette. Les poings sur les hanches, il est content. Il fait beau, le repas était bon et copieux, et après une bonne sieste la vie est belle. La semaine de labeur qui commencera demain sera satisfaisante, comme d'habitude.

Son fils a mis son costume trois pièces du dimanche. Il a baissé ses manches pour paraître habillé mais n'a pas remis son veston. Il s'appuie sur la chaise posée sur le trottoir pour le chien qui est très fier entre ses deux maîtres.

A l'intérieur, les femmes s'affairent au rangement et à la vaisselle. Belle-mère et bru s'entendent bon gré mal gré. Il faut dire que belle-maman est ...enquiquineuse. Elle n'arrête pas de prodiguer conseil sur conseil à sa belle-fille du genre :"tu devrais faire ci ou comme ça, ce serait mieux, etc, etc ...".

La jeune femme hait le dimanche, car c'est toujours le même rituel : repas avec les beaux-parents, sieste sacrée, apéritif avant leur départ, et ce sacré clébard qui bave, pue et saute partout.

Enfin, il fait beau, c'est déjà ça !

Monique.

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A
Les textes à propos de la photo des deux enfants sont pertinents et traduisent bien leur état d'esprit ; même longtemps après, ils représentent bien la grande douleur contenue.
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