Et si...

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Les plumes 
improvisent 
un texte 
à partir de l'incipit "Et si..."

Sans voix

Et si je me taisais.

Si je prenais enfin le temps de savoir pourquoi j’ai les mots qui me chatouillent la langue tellement ils sont sortis avant que je ne les pense. Pourquoi me dit-on toujours de me taire ? Quelles sont ces paroles qui dérangent ? Qui est-ce que je bouscule ? Des égos, des Esprits. Qu’est-ce que je réveille dans l’inconscient des gens ?

Quand dans leurs yeux une lueur mauvaise s’allume, je me dis que si je me taisais, ça m’éviterait bien des ennuis. Alors pendant cinq ou dix minutes s’installe un silence, puis les idées se bousculent dans ma tête prêtes à sortir de mes lèvres comme de l’eau. Mots lancés dans l’air, bulles éclatées, mousse retombée.

Je me retiens, tourne et retourne l’ordre dans ma tête. Tu vois, tu te tais, tu vois ce n’est pas intéressant. Tu n’as pas besoin de parler de toi tout le temps. Le silence pèse lourd, je continue de penser à ne rien dire. Je me contrôle, je gère mon envie de baver, de cracher les mots qui meublent, qui vivent, qui chantent. Non, je me tais.

La chape de plomb tombe, silence tendu, j’oublie, je respire, je sens la vie qui passe et trop tard, les mots sont lâchés, ils bougent dans l’air et vibrent comme la mousse de la bière qui pétille à la surface. Ils nourrissent l’autre qui peut enfin s’en emparer et les retourner contre moi ; il me les relance comme au tennis, les balles. Je me suis encore fait piéger.

Mais si pour une fois je parlais.

Joëlle.
 

La valse

Et si tu n'avais pas été là, dansant sur la valse de Louise Attaque, emportée par le vent d'hiver qui soulevait tes jupons blancs.
La voix du chanteur me serre le cœur. Elle pleure !

Et je tourne et je danse au rythme de la valse, mon corps entraîné par la musique. Mon âme égraine ses silences d'or.

Et si je pouvais revenir au temps de l'innocence, ne plus voir ta robe blanche maculée de sang ; ce rouge fleuve qui m'arrache de violents sanglots.

J'écouterai battre mon cœur au rythme de la valse de Louise Attaque et me perdrait dans les bras du danseur tournant à m'en faire vaciller l'âme.

Et si tu n'avais pas été près de moi. Où serais-je ? Où serais-je ?!

Je n'ose chanter avec l'artiste. Ses paroles s'envolent dans le ciel noir.

Et si tu n'avais pas ouvert la cage de ta violence en chassant la colombe de la paix, ta sœur, ô mon frère, chanterait et danserait sur la valse de Louise Attaque, ses jupons blancs tournant dans le vent.

Isabelle.
 

Litanie d’espoir

Et si l' on apprenait à voir la beauté du monde
Et si l' on s’étonnait devant tous les possibles qu’on ne sait pas saisir quand ils passent
Et si l' on se risquait à faire confiance, sans naïveté toutefois
Et si l’on cultivait un peu l’espérance du lendemain sans se plaindre sans cesse et sans regret d’un passé édulcoré et mythique
Et si l’on travaillait comme le petit colibri à accomplir modestement les actions utiles à tous sans les remettre à demain, sans en charger les autres à notre place
Et si l’on croyait un peu en soi et dans les autres
Et si l’on avait envie d’être heureux tous ensemble sans empêcher les autres de l’être par de vaines exigences ou par abus de pouvoir
Et si l’on acceptait de faire des erreurs pour réussir à les éviter ensuite
Et si l’on essayait...
 
Annie
 

Si...

Et si elle l'avait rencontré plus tôt, beaucoup plus tôt ?
Et s'il ne s'était pas inscrit sur la même activité qu'elle ?
Et s'il n'avait pas répondu au poème ?
Et s'il n'avait pas chanté pour elle, pleuré par amour pour elle ?
Et s'il avait pas préféré ne pas prendre le risque de vivre une passion en rupture avec sa ligne de vie toute tracée ?
Et si elle avait craint de trop souffrir plus tard, après ?
Et si elle n'avait pas au coeur tant d'amour à souffrir ?
Et s'il n'avait pas su y faire écho ?
Et si le soleil n'avait pas éclairé ce profil d'homme sur l'oreiller ?
Et s'il avait détourné les yeux, se sentant étourdi ?
Et si... !

Danielle.

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P
SI ... Et si ça sentait le vécu ?
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